Avez-vous observé comment, progressivement, évoluent les besoins de chacun vis-à-vis du maitre, mais simultanément  aussi leur relation avec lui ?

Au début quand les foules rencontrent Jésus, remarquez comment ce sont leurs besoins qui sont importants (guérison, nourriture, enseignement…). Leur relation est distante, vague. Mais au fur et à mesure qu’ils s’approchent, c’est Jésus lui-même qui les captive, sa personne qui devient importante, au point que leurs besoins deviennent secondaires. Au fil des interactions, Jésus se révèle comme interlocuteur privilégié, puis comme ami. Des cercles de plus en plus rapprochés s’ouvrent, vers le plus personnel de tous, celui de l’intimité familiale.

Aux premiers contacts avec Jésus, la demande est grande et sa présence toute relative dans la vie de tous les jours du disciple. Mais plus vous approchez du centre, plus la présence du Christ est importante dans les cœurs et moins la demande sera pressante. Cela ne veut pas dire que les personnes n’ont plus de besoins. Bien au contraire, mais les besoins et la vulnérabilité ont ouvert une nouvelle dimension. Simplement, au fil de l’expérience et du vécu, la relation avec le maitre apparait comme le paramètre de référence.

Pensez simplement à une passion pour une personne que vous avez rencontrée.

Au début, vous ressentez surtout l’impact qu’elle a sur vous, ce qu’elle vous apporte, sa présence est avant tout un révélateur de ce que vous êtes, vous percevez d’abord les portes qu’elle ouvre dans votre vie. Puis vous la découvrez, elle, de plus en plus. Vous entrez progressivement dans son intimité, au point de devenir son partenaire privilégié, celui avec qui cette personne partage tout ce qu’elle a de plus cher. Cette personne n’est plus un pivot qui vous permet d’articuler votre propre existence. Elle devient quelqu’un en qui on peut son confier, son cœur devient un partenaire du vôtre. L’influence est mutuelle. L’histoire commune devient authentique. Le centre de gravité de votre existence s’est déplacé.

Et ça, c’est une bonne nouvelle. La prison de nos préoccupations, de notre orgueil et de notre vanité du début commencent à se dissiper et à perdre leur emprise sur notre vie. Votre vie devient un partenariat. Vous n’êtes plus orphelin…

Alors que dans les premiers contacts, ce sont d’abord vos besoins qui animent votre relation, plus vous approchez du centre, plus la relation avec le maître se fonde sur sa présence même, ce qu’il est et ce qu’il apporte, mettant au second plan vos attentes personnelles.